La Daldinie concentrique

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Vous avez certainement déjà repéré ces drôles de champignons sombres en forme de petits coussins inégaux, isolés ou colonisant tout un segment du tronc d’un frêne mort. Il s’agit de la Daldinie concentrique (Daldinia concentrica), ainsi nommée en raison des zones successives marquées de noir et de gris argenté qui ornent l’intérieur de sa trame.

Ils ont l’apparence de grosses boules de gomme mollassonnes, mais lorsqu’on touche ces champignons, surprise ! Leur consistance est à la fois très dure et légère, rappelant celle du charbon de bois. Et pour cause : la Daldinie est un champignon facilement inflammable, capable de créer une braise lente et chaude.

A la coupe, si l’on regarde attentivement la périphérie du champignon, on s’aperçoit qu’elle est ornée d’une série d’alvéoles allongés, d’un noir brillant : c’est la partie fertile, constituée de périthèces, où se forment les spores, brun sombre. La sporulation (phénomène de projection de ces éléments fertiles) s’effectuerait uniquement la nuit, sur plusieurs semaines. La structure laisse alors sur les doigts une « poudre » noire très salissante.

De couleur brun-rougeâtre fonçant avec l’âge par ses meurtrissures jusqu’au noirâtre, la Daldinie concentrique réagit en pourpre lorsqu’on la met en contact avec la potasse (KOH).

C’est un champignon qui résiste très bien à l’absence d’humidité, grâce à ses réserves d’eau ; sa croissance serait même dopée par temps sec. La Daldinie concentrique est un décomposeur actif des arbres morts, agissant surtout sur les Frênes, mais aussi parfois les Saules, les Chênes…

Au microscope, les spores de Daldinia concentrica sont lisses et en forme de haricot. Elles mesurent 13-17 x 6-9 µm.

Un champignon très convoité… par la science

Malgré son air peu engageant de prime abord, la Daldinie concentrique a réussi à s’attirer l’appétit scientifique de nombreux chercheurs. On sait aujourd’hui que la synthèse de ses pigments mélaniques produit des dérivés d’hydrocarbures proches de la naphtaline, capables de détruire des Nématodes (vers). Plusieurs de ces produits lui permettent aussi d’inhiber le développement d’algues et de mousses concurrentes.

La Daldinie contient également un composé aromatique stéroïdien qu’on a retrouvé notamment dans le pétrole, ce qui suggère sa présence sur Terre depuis plusieurs centaines de millions d’années.

Auréolée de pouvoirs guérisseurs

Les randonneurs fétichistes conservent parfois une Daldinie au fond de leurs poches : une légende tenace voudrait que ce champignon prévienne des risques de crampes.  D’où leur petit nom anglais de « cramp balls ».

Des études plus sérieuses ont identifié la présence de deux éléments propres (la diaporthine et l’orthosporine), qui protègeraient des maladies neuro-dégénératives induites par le fer.

Envie de creuser le sujet ?

Partez à la découverte du genre Daldinia, qui contient une quinzaine d’espèces européennes, décrites à partir de critères aussi variés que la consistance de la chair, la taille des spores, la réaction à la potasse ou encore l’arbre sur lequel elles se développent. Daldinia petriniae, par exemple, pousse principalement sur les Bouleaux. D’autres espèces apparaissent uniquement sur le bois brûlé.


Daldinia concentrica (Bolton : Fr.) Cesati & De Notaris, 1863

  • Division : Ascomycota
  • Classe : Sordariomycètes
  • Ordre : Xylariales

Sources :

En savoir plus :

Clé d’identification des Daldinies européennes (J. Fournier & M. Stadler, 2009) :
http://www.ascofrance.com/main/search?searchString=Daldinia&search_tab=document