L’Amanite safran

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Sa silhouette gracieuse et la chaude couleur abricot de son chapeau en font l’une des belles espèces de nos forêts. L’Amanite safran (ou safranée) existe en deux variétés différentes, selon son écologie.

C’est une Amanite qui a perdu son anneau dans l’évolution, comme la vingtaine qui forme la section des Vaginatae (Vaginées) à laquelle elle appartient. D’anciennes littératures la classaient dans le sous-genre des Amanitopsis, désormais caduc.

L’Amanite safran naît de ses longues langes, une volve membraneuse qui remonte assez haut le long du pied, blanche à l’extérieur, délicatement teintée de jaune pâle en dedans. Le chapeau s’en extrait parfois péniblement, au point de conserver assez longtemps sa forme conique. A la maturité du spécimen, le chapeau s’étale pratiquement et s’éclaircit, à l’exception de son mamelon central, lui conférant un aspect d’aréole. Les plus pudiques d’entre eux conservent parfois un lambeau du voile général.

L’une pousse en montagne, l’autre en plaine

La forme typique d’Amanita crocea se dresse sur un pied assez fortement chiné de jaune orangé, formant à certains endroits d’élégants chevrons méchuleux. C’est celle qui jaillit durant l’été et jusqu’en octobre dans les forêts de conifères humides de montagne, souvent près des bouleaux et des sorbiers, parfois aux abords des myrtilliers. Ce taxon a été nommé Amanita crocea var. aurantiofulva : l’Amanite safran jaune-orangé, histoire d’insister sur sa couleur épicée.

On lui distingue une variété précoce à pied quasiment lisse et blanc, uniquement sous feuillus dans les bois ensoleillés, et surtout les chênes : A. crocea var. subnudipes (« pied presque nu »). C’est sous cet aspect qu’elle est parfois confondue avec d’autres Vaginatae comme Amanita fulva (qui présente une volve brunâtre), voire avec l’Oronge, aux critères pourtant bien différents. 

Le chapeau de l’Amanite safran est remarquablement strié.

L’arbitrage du phénol

En cas d’incertitude persistante, c’est la chimie qui départage. Deux gouttes de phénol provoquent sur le pied d’Amanita crocea l’apparition d’une coloration typiquement rouge groseille à rouge vineux. Chez Amanita fulva, la réaction au phénol est plutôt brun-chocolat.

En Alsace, une forme rare d’Amanite safran entièrement blanche a été rapportée à la fin des années 1990 par P. Laurent. Elle poussait dans un jardin, sous un bouleau.

Au microscope, les spores d’Amanita crocea sont presque globuleuses et lisses. Elles mesurent environ 8-12  x  9-13 µm, les valeurs les plus élevées étant surtout représentées chez la variété aurantiofulva.

L’Amanite safran est parfois récoltée, au même titre que d’autres Vaginatae, appréciée de certains pour sa saveur délicate, rappelant la noisette. Elle est toxique à l’état cru (syndrome hémolytique). Sa chair est mince de toutes façons. Les risques de confusion et sa raréfaction en certaines régions devraient inciter à retenir son geste.


Amanita crocea (Quél.) Singer 1951

La variété aurantiofulva, sous les feuillus et notamment les chênes, est moins colorée que le type.
  • Division : Basidiomycota
  • Classe : Agaricomycètes
  • Ordre : Agaricales
  • Chapeau : 5-12 cm, jaune orangé à ocre vif, plus saturé au centre, marge striée, mamelon persistant quand le chapeau s’étale
  • Lames : libres, blanches à crème en masse, se teintant d’ocre jaune léger à maturité
  • Pied : blanchâtre et sublisse ou alors jaune orangé orné de chinures plus ou moins marquées
  • Sporée et chair blanches
  • Odeur faible, saveur douce à légèrement acidulée

Sources : http://www.eticomm.net/~ret/amanita/key.dir/crocekey.pdf
En savoir plus : http://www.mycobank.org/MB/466276